
Pays d’environ 65 millions d’habitants, la Thaïlande est composée d’une grande variété de groupes ethniques. La grande majorité de la population est thaïe ou issan, mais il y a également des Chinois, des Malais ou des Khmers, et des tribus, chacune avec ses propres coutumes et traditions. Les treks organisés par les agences de voyage sont la manière la plus simple pour un touriste d’avoir un aperçu de cette diversité.
Population, langues et groupes ethniques
La Thaïlande est assez homogène au niveau linguistique, avec 85% de la population parlant une langue taï (c’est ainsi qu’on appelle cette famille de langues) et partageant une culture commune. Ces langues taï comprennent le thaï central (33,7% de la population), le thaï du Nord-Est ou issan (34,2%), le thaï du Nord ou lanna (18,8%) et le thaï du Sud (13,3%). Le thaï central est considéré comme le thaï standard, tandis que le thaï du Nord-Est est très proche du lao. Le thaï du Nord et le thaï du Sud ont un accent particulier et utilisent parfois quelques mots spécifiques. Toutes les variétés sont mutuellement compréhensibles, et la plupart des locuteurs peuvent s’exprimer en thaï standard si les circonstances le demandent.
La Thaïlande est également un pays multi-ethnique, avec plus de 30 groupes recencés, à commencer par les Chinois (environ 14% de la population, essentiellement des Min et des Hakka), les Malais dans la péninsule du Sud, et les Khmers le long de la frontière cambodgienne. Il y a également de nombreuses tribus, habitant principalement les zones montagneuses du Nord (Akha, Hmong, Karen…), mais également dans les plaines du Centre et du Nord-Est (Kui, Mon…), ainsi que dans le sud de la Thaïlande (Moken, Semang…).
Groupes ethniques classés par langue
Les chiffres sont donnés à titre indicatif. Il est en effet difficile d’obtenir des chiffres précis et fiables, et les données varient beaucoup selon les sources.
Famille sino-tibétaine / sino-thaïe | |
Groupe chinois | |
Min Nan (incluant Chaozhou et Teochew) | |
Hakka | |
Groupe tibéto-birman, branche birmane | |
Akha | 80 000 dans le nord de la Thaïlande, dans les provinces de Chiang Rai et Chiang Mai à haute altitude (leurs villages peuvent être visités par les touristes). Présents aussi en Chine et au Laos. |
Karen (ou Kariang) | 400 000 en Thaïlande (Chiang Rai, Chiang Mai, Mae Hong Son et tout le long de la frontière birmane), la plus grande des tribus montagnardes. 7 millions de Karen vivent en Birmanie, où certains revendiquent leur autonomie et sont engagés dans une lutte armée contre le gouvernement. |
Lahu | 100 000 en Thaïlande, dans la région de Chiang Mai et Chiang Rai. Egalement présents en Chine (450 000) et en Birmanie (150 000). |
Lisu | 50 000 dans les provinces de Chiang Rai, Chiang Mai et Mae Hong Son. Egalement présents en Chine (730 000) et en Birmanie (350 000). |
Groupe kadai / daïque | |
Thai central (standard) | 20 millions de locuteurs. |
Thai du Nord (lanna) | 6 millions dans la région historique de Lannathai, l’ancien royaume du Nord. |
Thai du Nord-Est (issan/lao) | 21 millions de locuteurs dans les provinces de Khorat, Ubon Ratchathani, Udon Thani et Khon Kaen. |
Thai du Sud | 5 millions de locuteurs dans les 14 provinces du Sud, de Chumpon à Narathiwat. |
Lu (Tai Lu) | 80 000 à Chiangrai et dans le nord de la Thaïlande, ainsi qu’au Vietnam. |
Phu Thai | 150 000 en Thaïlande, la langue Phu Thai est une variété du lao/issan. |
Phuan | 100 000 en Thaïlande, très proche également de la langue issan. |
Saek | 1,000 en Issan, près de la frontière laotienne. |
Shan | 60 000 en Thaïlande, 5 à 6 millions dans les états Shan de Birmanie. |
Tai Dam | 700 en Thaïlande (province de Loei), vivent également en Chine, au Vietnam et au Laos, ainsi qu’aux Etats-Unis (réfugiés). |
Groupe miao-yao | |
Hmong | 150 000 dans le nord de la Thaïlande, la plupart réfugiés du Laos où ils combattent le communisme. |
Yao | 40 000 dans le nord de la Thaïlande (Chiang Mai, Chiang Rai, et camps de réfugiés le long de la frontière laotienne), mais vivent principalement en Chine et au Vietnam. |
Famille austro-asiatique | |
Groupe môn-khmer | |
Bru | 25 000 en Thaïlande (province de Sakon Nakhon dans le Nord-Est), également présents au Laos et au Vietnam. |
Khmer | Principal groupe ethnique du Cambodge, 1 million en Thaïlande (Surin, Sisaket, Buriram, Khorat). |
Khmu | 10 000 en Thaïlande près de la frontière laotienne, 450 000 au Laos (habitants indigènes du nord du Laos). |
Kuy | 300 000 dans le nord-est de la Thaïlande (Buriram, Surin, Sisaket, Ubon, Roi Et). |
Lawa | 17 000 dans les montagnes du nord de la Thaïlande. |
Lua | 6 000 à la frontière Laos-Thaïlande (originaires du Laos). |
Mos (ou Tonga) | Parlé par les Mani (Négritos) dans le sud de la Thaïlande. |
Mon | 115 000 en Thaïlande (autour de la frontière Birmanie-Thaïlande), la plupart réfugiés de Birmanie. |
Nyahkur (ou Chaobon) | 20 000 en Thaïlande (Thaïlande centrale, Khorat), proches des Mon (descendants de l’ancien empire Mon). |
Palaung | 5 000 en Thaïlande (appelés Di-ang en Chine). |
Phai | 30 000 en Thaïlande (province de Nan et camps de réfugiés), présents aussi au Laos. |
So | 50 000 dans le nord-est de la Thaïlande (Nakhon Phanom, Sakon Nakhon). |
Famille austronésienne | |
Groupe malayo-polynésien | |
Cham | Principalement au Cambodge (où la moitié d’entre eux ont été exterminés par les Khmers rouges) et au Vietnam, seulement 4,000 en Thaïlande. |
Malay | 3 millions en Thaïlande, principalement dans le Sud. |
Moken (nomades des mers) | 3,000 sur la côte Andaman (Krabi, Phuket, Phang Nga, Ranong), célèbres pour leur connaissance de la mer. |
Urak Lawoi | 1 000 to 3 000 (les sources divergent) à Phuket, appelés aussi nomades des mers (“Sea Gypsies”). |
Cartes


Quelques photos


Les Padaung (qui appartiennent à l’ethnie karen) vivent dans des villages aménagés pour recevoir les touristes prêts à payer pour voir de près les “femmes girafes”, qui portent des colliers en cuivre allongeant leur cou. On ne connait pas l’origine de cette tradition.

Les Mani (Négritos) ont des caractéristiques physiques communes avec certains Pygmées africains : petite taille et peau foncée. Ils sont probablement les premiers habitants indigènes de l’Asie du Sud-Est.
Grâce à leur capacité à contracter leurs pupilles jusqu’à la limite maximale connue chez l’homme, les enfants Moken ont une vue deux fois plus perçante sous l’eau que les autres enfants. Les anciens de cette tribu de nomades des mers ont ordonné une évacuation juste avant le tsunami de décembre 2004, sauvant ainsi de nombreuses vies.
Merci pour votre commentaire. J’ai recoupé plusieurs sources, notamment le travail que j’avais effectué pour Freelang, également Ethnologue, qui était en libre accès à l’époque mais qui est devenu payant, et enfin Wikipedia.
Bonjour Stéphane!
Super article! Pourriez-vous me dire d’où viennent ces chiffres sur le tableau de langues? J’en aurai besoin pour le citer dans mon travail. Merci beaucoup.